La trufficulture française : chronique d’un désastre national inégal
Même si la France est fière de son patrimoine culinaire et prétend être le berceau de la truffe.
Force est de constater que la trufficulture de notre pays depuis plus d’un siècle est un désastre retentissant !
On sait que la France Produisait plus de 1 000 tonnes de truffes au début du XXème siècle quand elle n’en produit plus que 30 tonnes lors d’une année faste.
On sait que cette descente aux enfers est due principalement au fait que les truffières ont été laissées en désuétude pour devenir des biotopes beaucoup moins favorables à la truffe qui adore les forêts jeunes.
De nombreux trufficulteurs ont eu la bonne idée de multiplier les nouvelles plantations dans la région du sud-est en se posant les bonnes questions (de quoi a besoin la truffe pour se développer…).
Le sud-est est devenu l’Eldorado de la truffe noire pendant que trop de trufficulteurs du sud-ouest se reposaient sur la seule et unique dénomination de la melanosporum appelée pour le grand malheur de la trufficulture du sud-ouest truffe noire du Périgord.
Pour information, le nom truffe noire du Périgord date du XVIIème siècle et doit cette dénomination à Diderot et son encyclopédie dans laquelle il dit que c’est là qu’elle est la meilleure.
Si seulement il avait eu une intoxication alimentaire lors d’une de ses dégustations, le Périgord serait peut-être aujourd’hui une place forte de la trufficulture française…
Depuis 40 ans, donc les leaders de la trufficulture française sont donc essentiellement établis dans le sud-est pendant nos amis trufficulteurs du sud-ouest ne se sont remis un peu en cause il y a une vingtaine d’années…
Et malheureusement, on ne peut que déplorer que les courageux (ou aventuriers) qui ont osé planter quelques arbres truffiers ou plusieurs hectares n’ont pas reçu (et c’est un euphémisme) les conseils précieux qui auraient pu faire d’eux des producteurs de truffes heureux.
Si la passion demeure souvent présente, les résultats sont irréguliers voire inexistants dans la majorité des cas.
De grands techniciens de la trufficulture (payés ou détachés par les chambres) n’expliquaient-ils pas encore récemment que le fait même d’irriguer une truffière stoppait immédiatement sa production, qu’il fallait absolument laisser les arbres s’installer les 5 premières années sans rien faire !
Sans parler, les conseils pour ne pas tailler les arbres, puis de les tailler comme des buis…
Autant d’inepties encore d’actualité aujourd’hui chez certains de ces techniciens fossoyeurs de la trufficulture moderne.
Plus que jamais, faire confiance aux producteurs, les vrais est le gage d’une réussite probable pour peu que vous fassiez le travail nécessaire dont un arbre truffier a besoin. (Un producteur de truffe est une personne qui produit au moins 10kg l’hectare chaque année régulièrement, et de nombreux trufficulteurs vont dire que nous sommes gentils et que 30 kg est un minimum pour obtenir la légitimité nécessaire à la prise de parole).
Après avoir fait partie du lot des déçus de la trufficulture lors d’une première expérience qui aura été un échec patent ( entrée en production certes à 5 ans, mais production erratiques selon les années, arbres pas en corrélation avec la nature du sol, (voir mal mycorhizés, avec des fameux plants de 2 ans dont on sait aujourd’hui qu’ils sont souvent ceux qui n’ont pas passé le cut des trop peu nombreuses vérifications au microscope des certificateurs), absence de conseils dans le suivi de la truffière.
Pour notre plus grand bonheur, et parce que nous n’avons rien inventé, notre statut de négociant en truffes nous a permis de rencontrer ces vrais bons producteurs (pionniers de la trufficulture moderne qui produisent tous plus de 30kg/HA) et qui ont bien voulu après des années nous livrer leurs techniques les plus efficaces…
Et comme on dit entre nous dans notre région, un vrai trufficulteur vaut plus que 10 mauvais techniciens…